Après un ralentissement l'an passé, le volume d’émissions ESG a démarré 2024 sur une note positive avec un montant cumulé de 409 milliards de dollars au premier trimestre. Celui-ci s’inscrit en légère hausse par rapport à la moyenne trimestrielle depuis 2021 et aux chiffres du premier trimestre des deux dernières années, qui étaient tous deux légèrement inférieurs à 400 milliards de dollars. De même, l'offre mondiale d'obligations durables (Sustainability Bonds) a atteint 62 milliards de dollars, un montant supérieur à la moyenne trimestrielle de 48 milliards de dollars, tandis que celle des obligations sociales a totalisé 52 milliards de dollars sur la même période, bien au-delà des 42 milliards de dollars constatés en moyenne trimestrielle.
SLB et des SLL : vers un marché plus mature et structuré
Les émissions de Sustainability Linked Bonds et Sustainability Linked Loans ont en revanche atteint des niveaux bien inférieurs aux moyennes trimestrielles observées depuis 2021. Ce ralentissement pourrait aussi découler d’une relative prudence des émetteurs dans un contexte de nouvelles exigences combinées à un renforcement de leurs obligations de reporting règlementaires. L’application de la directive CSRD, en particulier, accroît en effet les exigences en matière de standardisation, de formalisme, de transparence et d’audit, tout en amenant les entreprises à s’engager sur leur stratégie ESG et la transparence de leur propre impact sur l’environnement ainsi que les impacts de l’environnement sur leurs activités. De plus, les nouvelles consignes de la LMA pour les Sustainability-Linked Loans à partir de 2023, soulignent la nécessité de mettre en place des objectifs qui soient annuels et, dans la mesure du possible, comparables à des pairs afin d’en mesurer la pertinence et l’ambition. Ce faisant, ces consignes incitent également les sociétés à revoir parfois la granularité de leurs approches mais aussi avec des objectifs à plus court terme dans le cadre d’emprunts bancaires et cela dans un contexte de vigilance accrue des différentes parties prenantes, notamment sur les risques de greenwashing. D’où, parfois, un temps de remise en question, qui pourrait expliquer le report de nombreuses émissions en ce début d’année. « Le ralentissement des émissions de SLB et de SLL reflète potentiellement un point d’inflexion momentané, préalable au développement d’un marché davantage structuré et mature et bénéficiant de meilleures données disponibles ainsi que de la validation par les sociétés des stratégies ainsi que des Sustainable Finance Pulse – ING France Q2 2024 objectifs qui y sont liés au travers de CSRD. » estime Laurent Bassi, responsable des financements durables chez ING France.
Ralentissement momentané attendu au deuxième semestre
La croissance générale des émissions d'obligations ESG s’inscrit dans un contexte de très fort dynamisme des émissions obligataires dans leur ensemble. Des niveaux d'émission très importants, souvent records, sont en effet observés dans la plupart des devises et pour la plupart des produits. Indépendamment de la nature durable des émissions, de nombreux émetteurs semblent avoir cherché à profiter de l’aplatissement de la courbe des taux en anticipation d’une baisse des taux directeurs des grandes banques centrales. De même, l’accumulation des risques et des incertitudes au second semestre, notamment au regard des élections présidentielles américaines, a participé à concentrer les émissions au premier trimestre de l'année, même si le ralentissement de l’activité de M&A a réduit les besoins de financement
1 000 milliards d’obligations ESG attendues en 2024
Malgré ce début d'année positif, les volumes mondiaux d'émission devraient ainsi rester inférieurs en 2024 à ceux constatés au cours des années précédentes et probablement similaires aux volumes observés en 2023, du fait d’un second semestre probablement plus lent. Nous prévoyons une offre mondiale d'obligations ESG d'environ 1 000 milliards d'euros pour l’ensemble de 2024. Selon nos estimations, qui prennent en compte un univers légèrement plus réduit (d'une taille minimale de 250 millions d'euros et uniquement des obligations auto-labellisées), nous prévoyons que les États souverains, les supranationaux, les agences, les institutions financières et les entreprises émettront en euros pour environ 325 milliards d'euros. Le marché en dollars devrait rester stable autour d’un équivalent de 225 milliards d'euros (240 milliards de dollars). Enfin, nous anticipons une faible croissance du marché des obligations ESG libellées dans d'autres devises de 260 milliards à 270 milliards d'euros.
ING connaît un début d'année dynamique
Malgré le ralentissement du marché l'année dernière, ING a connu un bon début d'année, notamment grâce à une forte activité dans le domaine des prêts et des obligations verts. ING a mobilisé un volume global de 24,7 milliards d'euros, soit une augmentation de 13% par rapport à la même période l'année dernière. Un total de 156 transactions durables a été conclu.
La plupart des activités de financement durable d'ING ont eu lieu en zone EMEA (environ 70%), les transactions de financement durable dans la région APAC continuant également de croître. Malgré la volatilité du marché américain, des volumes relativement stables ont été maintenus aux Etats-Unis, principalement grâce aux obligations vertes, bien que les volumes restent à des niveaux historiquement bas.
Si elles ont continué à croître dans la région APAC conformément à la croissance du marché, les émissions de type Sustainability-Linked constituent l’exception en termes de croissance des volumes d’ING dans les régions EMEA et Amériques. La baisse de l'activité est logiquement liée à une surveillance réglementaire accrue et, pour les Amériques en particulier, à l'incertitude de l'environnement politique.
Jacomijn Vels, responsable de la finance durable au sein du Groupe ING : « ING a continué d'enregistrer de bons résultats au premier trimestre pour les différents produits de finance durable. Comme pour l'ensemble des marchés, nous avons constaté une activité particulièrement forte sur le segment obligataire et un volume plus modéré sur l'activité de prêt. Les perspectives pour le reste de l'année restent difficiles à prévoir. Non seulement en raison des incertitudes économiques ou géopolitiques générales, mais aussi parce que le processus de structuration des transactions est souvent devenu plus long et plus complexe en raison de la surveillance accrue des régulateurs »