Les émissions de financements durables sont globalement restées sur une tendance baissière au troisième trimestre cette année.
Les 385 milliards de dollars émis durant cette période avoisinent les niveaux observés au deuxième trimestre, qui étaient déjà en-deçà de leur moyenne trimestrielle d'un peu plus de 400 milliards de dollars. Reste que ce repli traduit malgré tout un rebond par rapport à l'année dernière (qui avait été particulièrement faible). Ils sont également conformes à ceux de la plupart des autres troisièmes trimestres, l'offre étant généralement plus concentrée lors de la première moitié de l'année. Comme le premier trimestre a été particulièrement chargé, le nombre de transactions depuis le début de l'année reste convenable avec 1.259 milliards de dollars, ce qui est supérieur aux 1.131 milliards de dollars de l'année dernière et en ligne avec les 1.265 milliards de dollars de 2022 et aux 1.389 milliards de dollars de 2021.
En ce que concerne le marché français, le 3ème trimestre a été solide, représentant environ 16% du marché des prêts durables EMEA (green, social bonds et sustainability-linked bonds) confondus), confirmant sa contribution aux volumes du marché privé, avec des émetteurs réguliers engagés. Sur le marché obligataire, les émetteurs français étaient surtout les agences souveraines, institutions financières et les émetteurs « réguliers » d’émissions vertes qui se refinancent.
Rebond attendu dès 2025
Cette relative faiblesse devrait se poursuivre au 4ème trimestre. Seulement 117 milliards de dollars de financement durable ont été émis en octobre, tandis que les fenêtres d'émission ont été plus limitées que d'habitude en novembre (notamment en raison des élections américaines) et que décembre est un mois ordinairement très calme. Il en découle que l'offre du quatrième trimestre n’atteindra vraisemblablement pas ses niveaux observés au quatrième trimestre des deux années précédentes, qui se situaient entre 340 et 380 milliards de dollars. Nous pensons que les émissions de financements durables seront plus abondantes l’année prochaine, d’après les échanges avec les clients et leurs retours positifs. Cette progression traduira à la fois une augmentation de l’offre globale et le fait que les émetteurs se tourneront davantage vers des structurations ESG afin d’accroître la demande pour leurs émissions et obtenir un coût légèrement inférieur.
Au troisième trimestre, les principaux moteurs de la baisse de l’offre mondiale de produits durables ont été les dettes de type Sustainability-Linked. Le compartiment des obligations y a totalisé seulement 6,5 milliards de dollars, ce qui représente une baisse substantielle par rapport à la moyenne trimestrielle de 22 milliards de dollars à ces périodes de l’année. Quant aux Sustainability-Linked Loans, ils ont atteint 50 milliards, soit beaucoup moins que la moyenne trimestrielle de 95 milliards. De quoi creuser l’écart avec les autres produits de la dette, dont les émissions ont été globalement conformes, voire légèrement supérieures, aux moyennes trimestrielles et aux niveaux moyens pour le troisième trimestre.
Les émissions en dollar et en euro au coude-à-coude
Au troisième trimestre, les émissions d'obligations vertes se sont élevées à 169 milliards de dollars, ce qui représente une légère augmentation par rapport à la moyenne trimestrielle de 160 milliards de dollars, mais aussi une augmentation considérable par rapport à la moyenne trimestrielle observée au cours des deux dernières années, qui n'était que de 130 milliards de dollars. L'offre d'obligations durables a atteint un montant notable de 69 milliards au troisième trimestre, supérieur à la moyenne trimestrielle de 55 milliards. Les émissions d'obligations sociales ont quant à elles été estimées à 48 milliards de dollars au troisième trimestre, soit une légère augmentation par rapport à la moyenne trimestrielle de 42 milliards de dollars et une augmentation par rapport à la moyenne des trois dernières années, qui était de 38 milliards de dollars. Enfin, l'offre de prêts verts a été en grande partie conforme à la moyenne trimestrielle et correspond au montant observé au troisième trimestre de l'année dernière, qui était de 36 milliards.
Comme à l'accoutumée, les émissions les plus importantes ont concerné l'euro et le dollar. Au troisième trimestre, les financements durables ont totalisé 131 milliards de dollars pour chacune de ces devises, ce qui correspond aux niveaux du troisième trimestre de 2021 et 2022, mais est en hausse par rapport aux niveaux plutôt bas du troisième trimestre de 2023.
Une baisse imputable à la frilosité des corporates
Bien que les entreprises restent les plus grands émetteurs de financement durable, leurs volumes émis ont connu une baisse au troisième trimestre en passant à 136 milliards de dollars, ce qui est inférieur à leur moyenne trimestrielle de 163 milliards de dollars. Les émissions émanant d’acteurs financiers se sont quant à elles élevées à 91 milliards de dollars, ce qui correspond à la moyenne trimestrielle habituelle. L'offre d'obligations gouvernementales durables (Govies, Sov, Municipal et ABS) a légèrement augmenté au troisième trimestre, totalisant 159 milliards de dollars, en hausse par rapport à la moyenne de 143 milliards de dollars.
Une dynamique confortée au premier trimestre pour ING
ING enregistre un solide trimestre, à la fois en nombre de transactions et en volumes.
28,6 milliards d'euros ont ainsi été mobilisés, reflétant une augmentation de 6% par rapport à la même période l'année dernière. Cette augmentation renforce la position d’ING sur le marché pour 2024, avec un volume mobilisé de 85,3 milliards d'euros au troisième trimestre de l'année en cours, soit 16% de plus que l'année précédente.
L'augmentation du volume mobilisé est due aux prêts de type Sustainability-Linked et aux obligations vertes. En plus des volumes de prêts et d'obligations, ING a également constaté une augmentation des volumes de financement durable en 2024 concernant le papier commercial et les garanties, ce qui démontre son engagement auprès des clients à travers une gamme plus large de produits de financement durable.
Des différences régionales
Alors que la plupart des activités de finance durable d'ING continuent de provenir de la région EMEA (environ 70% des volumes au cours des 9 premiers mois de l’année), une forte croissance a été constatée d'une année sur l'autre dans toutes les régions, y compris l'APAC et les Amériques. La forte croissance des volumes mobilisés au troisième trimestre dans ces deux régions, grâce aux prêts de type Sustainability-Linked et aux obligations vertes, a permis de compenser une légère réduction des volumes dans la région EMEA.
Les perspectives restent difficiles à prévoi
« Le troisième trimestre continue de démontrer la résilience et la profondeur du marché français. Même si nous notons toujours une baisse notable de nouveaux émetteurs sous format SLB. Le marché des obligations vertes et des prêts durables reste actif, notamment par de nombreux émetteurs réguliers. Nous sommes en contact régulier avec des clients qui cherchent pour la première fois à structurer des produits dans un format durable ainsi qu’avec des clients qui reviennent sur le marché. Nous avons un bon pipeline de transactions et nous avons bon espoir que le marché sera animé et en croissance en 2025. » déclare Laurent Bassi, responsable de la finance durable en France.
Emissions trimestrielles par type d’instruments
Q3 23 | Q4 23 | FY 23 | Q1 24 | Q2 24 | Q3 24 | YTD 24 | |
SLL | 37 | 76 | 186 | 25 | 53 | 37 | 115 |
SLB | 3 | 2 | 11 | 4 | 2 | 2 | 8 |
Green loans | 29 | 58 | 132 | 30 | 29 | 37 | 96 |
Green bonds | 11 | 18 | 66 | 24 | 20 | 14 | 58 |
Total | 80 | 154 | 395 | 83 | 104 | 90 | 277 |