Les émissions de financements durables ont légèrement ralenti au deuxième trimestre 2024, après un premier trimestre plutôt actif.
Leur montant global a totalisé 376 milliards de dollars, en-deçà de la moyenne d'un peu plus de 400 milliards de dollars observée au cours de cette même période les années précédentes. Rien d’alarmant toutefois, puisque les émissions mondiales au premier semestre se sont élevées à 815 milliards de dollars, un montant conforme aux niveaux de ces dernières années.
Les émissions ont par ailleurs totalisé 200 milliards de dollars aux mois de juillet et d'août, une performance significative alors que les mois d'été sont généralement pénalisés par des marchés primaires ralentis, voire fermés. Davantage d'émissions sont toutefois attendues sur le marché en cette rentrée, une période de l’année généralement plus dynamique. A titre d’indication, les émissions du troisième trimestre ont ainsi atteint entre 350 et 400 milliards de dollars américains au cours des années précédentes.
Les obligations vertes animent le marché primaire
Le marché primaire au deuxième trimestre a été principalement alimenté par les émissions d'obligations vertes, qui ont globalement totalisé 183 milliards de dollars, un montant en grande partie conforme aux périodes équivalentes des années précédentes. Les émissions d'obligations durables ont quant à elles atteint 57 milliards de dollars, ce qui correspond à la moyenne du deuxième trimestre, tandis que les volumes de prêts verts émis se situent également à des niveaux moyens, avec 26 milliards de dollars.
Avec seulement 11 milliards de dollars, les émissions d’obligations de type Sustainability Linked (SLB) se sont en revanche révélées en-deçà de leurs niveaux habituels. Même constat pour les obligations sociales et les Sustainability Linked Loans (SLL), dont les émissions ont respectivement atteint 35 milliards et 64 milliards de dollars, en-dessous de leurs niveaux du deuxième trimestre de 2023.
Au cours du premier semestre 2024, les émissions mondiales d'obligations vertes issues d’émetteurs corporate ont été importantes, avec un total très significatif de 120 milliards de dollars, soit le double des niveaux généralement observés au cours du premier semestre. Cette augmentation a été observée en dollars, mais plus encore en euros. Les SLB corporate ont été en revanche peu nombreux, avec seulement 22 milliards de dollars d’émissions, ce qui confirme la faiblesse de l'offre observée au second semestre de l'année 2023 et concerne surtout les souches libellées euros.
Du côté des sociétés financières, les obligations durables ont repris de la vigueur au premier semestre avec 20 milliards de dollars émis, soit le double des niveaux semestriels précédents. Ce sont les obligations libellées en dollars qui ont été les plus importantes, l'offre en euros restant toujours faible.
Enfin, les émissions d'obligations d'État vertes, durables et sociales se sont accrues au cours des six premiers mois de l'année pour atteindre respectivement 178 milliards, 108 milliards et 78 milliards de dollars.
Un contexte de marché qui invite à la prudence
Pour le reste de l'année, nous pourrions assister à la poursuite de cette tendance au ralentissement. Les fenêtres d'opportunité pour les émissions pourraient en effet souffrir de la conjonction entre des élections américaines particulièrement sensibles, des réunions des banques centrales décisives et des interrogations persistantes en matière de tendances économiques.
« La mise en œuvre de la directive CSRD, qui somme les entreprises concernées d’identifier précisément les sujets sur lesquels elles entendent progresser, puis de tracer une trajectoire d’amélioration via un plan de transition, pourrait être un point d’inflexion. A condition que le contexte économique et politique (mais aussi les conditions de marché) le permette, le volume d’émissions labellisées « durables » pourrait rebondir. » explique Laurent Bassi, directeur des financements durables chez ING France.
ING poursuit sa forte croissance au deuxième trimestre
Malgré un tassement de l’activité sur le marché, ING a continué à enregistrer une forte croissance au cours du deuxième trimestre 2024. Les volumes mobilisés, qui totalisent 32,2 milliards d'euros, marquent une augmentation de près de 30% par rapport aux trois premiers mois de l’année et par rapport à la même période de 2023. Au total, ce sont près de 204 transactions durables qui ont été menées à bien.
Des disparités régionales
Dans le sillage du reste du marché, la région EMEA représente toujours la majeure partie des activités de financement durable d'ING, contribuant à environ 70% du volume mobilisé. Le tunnel de transactions durables en zone APAC reste sain, en accord avec la croissance toujours robuste du marché. En dépit de la volatilité et des incertitudes persistantes aux Etats-Unis, ING a réussi à augmenter son volume localement par rapport à la même période de l'année dernière. Le volume mobilisé sur le continent américain s’est principalement concentré sur les prêts verts et les SLL, montrant une activité modérée sur le marché de la dette publique.
Une opération emblématique menée sur le marché français
ING a accompagné le groupe Eurostar en tant que coordinateur ESG dans le cadre d’un projet de refinancement réussi de 750 millions d'euros. Première transaction dans le secteur des transports bénéficiant d’un format de Green Pure Player aligné sur la taxonomie européenne, ce financement combine des prêts tirés et non-tirés en adéquation avec les Principes de Prêts Verts (Green Loan Principles) de la Loan Market Association (LMA). Il reflète par ailleurs la stratégie de mobilité internationale verte du groupe Eurostar à travers l’exploitation de trains électriques à grande vitesse, conformément au Pacte vert pour l’Europe. « En plus de traduire notre soutien et notre confiance dans la stratégie de mobilité durable du groupe Eurostar, ce financement reflète par ailleurs nos trois piliers stratégiques : notre maillage multi-local, notre approche sectorielle et notre rôle de pionnier en matière de finance durable », souligne Laurent Bassi.
Un tassement du marché des SLL à relativiser
Alors que les acteurs du marché appréhendent qu'une surveillance réglementaire accrue puisse avoir un impact négatif sur les volumes de SLL, cette crainte n'apparaît pas à ce jour comme une tendance réelle au vu des volumes mobilisés par ING au cours du premier semestre 2024.
Le premier semestre 2024 pour ING a été le meilleur début d'année depuis que nous avons introduit notre objectif de volumes mobilisés. Contrairement au premier trimestre, lors duquel les marchés de la dette publique ont représenté la plus grande part des émissions, les prêts durables ont été les principaux moteurs de la croissance de nos volumes mobilisés au deuxième trimestre. Les volumes de SLB et de prêts verts sont par ailleurs très satisfaisants.
Les perspectives restent difficiles à appréhender
Avec des marchés plus incertains, il reste difficile de prédire ce que sera le deuxième semestre de l'année 2024. Grâce à une solide réserve d'opérations dans les trois régions, nous restons optimistes quant à notre capacité à atteindre notre objectif de 120 milliards d'euros de volumes mobilisés pour l'ensemble de l'année.